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Photo du rédacteurNicolas J. Preud'homme

Chercher à croire

Voici une petite méditation personnelle de celui qui tient ce carnet, après une période de silence. Plus j'avance dans mon parcours de vie et de foi, plus les questions se font nombreuses et les certitudes plus rares. Une personne croyante qui regarde lucidement ce qu'elle sait y trouve beaucoup de choses qu'elle ne sait pas ; il y a une grande part d'agnosticisme dans la foi qui raisonne sur elle-même. Je n'ai aucun savoir ni certitude sur la nature de Dieu, ni même sur son existence, ou encore sur l'au-delà.

Beaucoup de ce que racontent les religions à ce sujet sont des mythes destinés à rassurer, à organiser les communautés en leur trouvant tant bien que mal un petit coin d'espérance dans ce monde compliqué.


Notre place dans cet univers si grand est toute petite. Mais est-elle insignifiante ? Non, car il y a le vivant, la nature, l'humanité qui y a trouvé son berceau et s'émancipe en apprenant l'expérience de la liberté. Il y a le bien et le mal. Il y a l'aspiration à la justice. Le souci de donner un sens à sa vie, de connaître la joie et la paix du cœur. Ce sont des faits universels, qui se trouvent dans toutes les cultures (qui ont toutes aussi bien du mal à mettre en pratique ces idéaux). Ce que nous sommes n'est peut-être pas si rare (d'autres formes de vie existant peut-être dans l'univers, d'autres univers existant peut-être aussi), mais ce que nous sommes est extraordinaire par rapport au néant dans lequel nous étions et où nous retournons à notre mort.




Claude Joseph Vernet (1714-1789), Scène de tempête aux abords d’une côte méditerranéenne, 1749. Huile sur toile, H. 0.49 m ; L. 0.66 m. Collection privée, France.


Chaque culture porte en soi les germes de la condition existentielle d'une société, qui n'inclut pas seulement l'humanité, mais aussi les plantes et les animaux qui vivent avec nous. Chaque tradition a quelque chose à nous dire sur la manière dont nous concevons nos origines et notre place ici-bas. Les grandes figures spirituelles, honorées comme Dieu, prophètes ou philosophes dans les différentes religions ou courants idéologiques (incluant l'athéisme), ont délivré des enseignements qui ont touché de nombreuses consciences, mais sans les convaincre toutes ; elles ont approché le divin, ou tout du moins l'excellence suprahumaine, sans l'embrasser totalement. Il s'agit d'autant de ruisseaux qui mènent à l'océan.


Le divin est-il distinct de la nature ou bien réside-t-il en elle-même ? Deus sive natura, comme disait un philosophe ? Appartenons-nous toujours pleinement à la nature, ou bien sommes-nous en train, par la technique et la science, d'inventer une autre condition ? Poursuivons-nous le divin au-delà de la nature pour le faire advenir? Nos descendants, si ce n'est nous-mêmes, deviendront-ils les dieux que nous imaginons, dans cette quête d'absolu, de perfection, de toute-puissance et d'immortalité ? Ou bien sommes-nous enivrés par ces rêves qui nous détournent de la pensée de notre propre fin et nous amènent à nous détruire nous-mêmes, avec cette nature qui nous a fait naître ?


La sage prudence nous inviterait à ne pas jouer aux apprentis sorciers, à veiller à la protection de notre environnement, à nous respecter les uns les autres dans nos différences, tout en améliorant ensemble ce qui peut l'être pour faire progresser l'intérêt général. Peut-être, un jour, avec l'évolution des choses et la progression de la pensée, nos successeurs seront-ils capables de comprendre ce qui nous reste pour le moment inaccessible. Leur préparer un avenir vivable est donc la meilleure chose à faire pour ce qui nous concerne.


Le divin serait donc cet à-côté des êtres et des choses, ce vide en forme de point d'interrogation qui se trouve à la fois partout et nulle part, qui se dérobe à nos pauvres tentatives de le fixer. Vouloir savoir, c'est chercher en ne s'arrêtant pas au croire. Vouloir croire, c'est chercher en ne s'arrêtant pas au savoir. Espérons que les religions et les chapelles de toutes sortes ne seront pas suffisamment bêtes pour nous dégoûter de cette recherche spirituelle qui en vaut la peine, ne serait-ce que pour le plaisir de chercher.


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